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Streptococcus suis et Haemophilus parasuis, des co-malfaiteurs… qui se parlent peu mais ne se nuisen

Streptococcus suis (S. suis) et Haemophilus parasuis (H. parasuis) sont deux bactéries qui se transmettent par contact nasal entre les porcs. Toutes deux comportent des souches agressives, dites virulentes, ou des souches peu virulentes, et donc non dangereuses. Sous leur forme peu virulente, ces deux bactéries font partie de la flore bactérienne normale des porcs. Toutefois, les souches agressives, elles, causent des infections graves chez les porcelets en sevrage.

Selon le pays d’origine, les souches de S. suis et H. parasuis diffèrent en terme de force de virulence. Notamment, dans le monde, il existe 35 sérotypes de S. suis et 15 sérotypes de H. parasuis. Si un vaccin est disponible contre certaines souches de H. parasuis, il n’y en a aucun contre S. suis. Le contrôle de ces infections est donc basé principalement sur l’utilisation d’antibiotiques. La réduction de l’utilisation de ces antimicrobiens a provoqué une augmentation significative de la mortalité causée par ces pathogènes. C’est pourquoi, une équipe canado-espagnole collabore pour identifier de nouvelles stratégies thérapeutiques ou préventives.

Ce qui intrigue les Drs Marcelo Gottschalk (CRIPA, Canada) et Virginia Aragon (CReSA, Espagne), c’est que ces deux bactéries ont un processus infectieux similaire. En effet, le danger pour les porcelets, ce n’est pas tant les dommages causés par les bactéries, mais la réponse inflammatoire excessive qu’elles déclenchent une fois arrivées dans le sang. Puisque ces bactéries colonisent toutes deux les voies respiratoires des porcs, les chercheurs se sont donc demandé si l’interaction entre S. suis et H. parasuis pouvait favoriser le développement d’une infection. Avec l’aide d’une subvention du IXe Comité mixte Québec-Catalogne 2017–2019, les deux équipes ont testé des souches très ou peu virulentes des deux bactéries. Ils ont également testé in vitro le comportement des deux espèces seules ou en présence de l’autre. L’interaction potentielle a été évaluée soit par co-infection simultanée, ou par co-infection en différé (l’une après l’autre) (Pathogens 2018).

La Dre Mariela Segura (CRIPA), qui est aussi membre de l’équipe, a étudié l’aptitude anti-phagocytaire de la capsule de S. suis sur H. parasuis. Il faut savoir que S. suis se fabrique un manteau sucré (capsule) qui le protège contre une digestion par le système immunitaire (phagocytose). Or, Dre Segura a prouvé que cette capsule peut aussi protéger d’autres espèces bactériennes contre la phagocytose (Infect. Immun. 2012). On voulait donc savoir si ceci était aussi vrai dans le cas d’H. parasuis.

Qu’en est-il de l’adhésion?

Peu importe le type de virulence des souches, S. suis et H. parasuis ne s’aident pas, ni ne se nuisent lors de leur adhésion aux cellules respiratoires.

Qu’en est-il de l’induction de la réponse inflammatoire?

Par contre, selon le type de virulence et le type de cellule de l’animal (épithéliale trachéale ou macrophage alvéolaire) on observe parfois l’induction d’une réponse inflammatoire augmentée, parfois on observe carrément une synergie et d’autres fois, aucune interaction. Aucun mode d’interaction logique basé sur la virulence n’a pu être définit, c’est au cas par cas.

Qu’en est-il du pouvoir antiphagocytaire de S. suis?

Aucun effet sur la phagocytose des souches de H. parasuis peu virulentes n’a été rapporté. Fait à remarquer, les souches de H. parasuis très virulentes ne sont pas phagocytées de toute façon.

En conclusion, si les premiers tests in vitro ne suggèrent pas d’interaction entre S. suis et H. parasuis pour la première étape d’adhésion aux cellules respiratoires, on ne pourra donc pas établir un traitement anti-adhésion valide pour les deux bactéries à la fois. Par contre, il n’en demeure pas moins que les deux espèces ne se nuisent pas et peuvent cohabiter dans les voies respiratoires supérieures chez le porc. De plus, certaines associations de souches semblent exacerber la réponse immunitaire néfaste aux animaux. Des expériences d’infections chez l’animal devront donc être réalisées pour confirmer cette hypothèse.

Sources : Annabelle Mathieu-Denoncourt, Corinne Letendre, Jean-Philippe Auger, Mariela Segura, Virginia Aragon, Sonia Lacouture and Marcelo Gottschalk. Limited Interactions between Streptococcus Suis and Haemophilus Parasuis in In Vitro Co-Infection Studies. Pathogens 2018, 7, 7.

Mathieu Houde, Marcelo Gottschalk, Fleur Gagnon, Marie-Rose Van Calsteren, Mariela Segura. Streptococcus suis capsular polysaccharide inhibits phagocytosis through destabilization of lipid microdomains and prevents lactosylceramide-dependent recognition. Infect. Immun. 2012, 80, 506–517.

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