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Diminuer le nombre de virus dans l'air: 4 désinfectants testés

La météo hivernale est particulièrement favorable à la propagation de virus entre élevages. Outre la mise en place de mesures de biosécurité sur les fermes, diverses méthodes sont utilisées, comme la filtration de l’air, pour minimiser les risques de contamination d’élevages exempts de certains virus tels le SRRP ou l’influenza. Toutefois, chaque année des éclosions de cas se produisent et certaines comme la grippe aviaire, qui sévit en Europe actuellement, impliquent des pertes économiques majeures, en plus d’une crise sanitaire.

Dre Caroline Duchaine experte du CRIPA* en Bioaérosols, s’intéresse à identifier et tester des stratégies pour diminuer la concentration de virus dans l’air, c.-à-d. des virus sous forme de bioaérosols. Mais réaliser des expériences de destruction de virus pathogènes dans l’air (comme l’influenza), requiert des installations avec des niveaux de biosécurité très élevés. Il est toutefois, possible de réaliser ces expériences avec des virus infectant seulement des bactéries, appelés bactériophages. Les bactériophages ne sont pas dangereux pour les humains, les animaux et les plantes puisqu’ils n’infectent que certaines bactéries. De plus, certains bactériophages présentent des ressemblances structurelles avec les virus de danger sanitaire de 1iere catégorie pour les volailles notamment l’influenza ou celui de la maladie de Newcastle. C’est pourquoi Dre Duchaine s’est associée avec son collègue de l’Université Laval, le Dr Sylvain Moineau du centre Félix d’Hérelle, expert des bactériophages afin de tester quatre désinfectants sur ces virus pulvérisés en aérosol. L’analyse microbiologique des aérosols est un champ de recherche encore jeune. Les méthodes de mesure et d’analyse des bioaérosols en bâtiment sont encore à raffiner, ce qui est la spécialité du Dr Enric Robinedu Centre scientifique et technique du bâtiment, en France, qui a donc supervisé cet aspect lors des tests.

Parmi les quatre produits commerciaux testés, le Pledge® et l’Eugenol avaient des effets beaucoup plus importants que le MiST® ou le peroxyde d’hydrogène. Notamment, ces deux désinfectants diminuaient beaucoup le potentiel infectieux des bactériophages similaires aux virus influenza et Newcastle en condition de faible humidité ambiante soit de 25%, alors que seul le Pledge® fonctionnait encore à 50% de taux d’humidité. De plus, seul le Pledge, respectait les conditions d’exposition respiratoire par des humains en espace fermé (American Conference of Governmental Industrial Hygienists ou ACGIH), la dose efficace était inférieure aux limites maximales recommandées pour une journée de travail de 8 heures.

Pour l’éleveur, il est important de comprendre qu’il n’y a pas de condition idéale permettant de minimiser la présence des virus dans l’air car les conditions de survie sont très différentes d’un virus à l’autre. Par exemple la survie de l’influenza est minimale de 40-50% d’humidité, mais maximale à 20 ou 70%, alors que les coronavirus (tel le virus PEDV qui touche le secteur porcin) survivent mieux à 50% d’humidité. De plus, d’autres paramètres influent comme la tolérance à la température ambiante. Donc, on ne peut garantir un air sain, en sélectionnant une condition particulière, au mieux, cela peut servir d’indicateur de surveillance.

Les stratégies de filtration de l’air actuelles et celles en développement, comme les dispositifs de traitement par UV ou ozone, sont des solutions intéressantes. Les chercheurs devront évaluer des combinaisons de méthodes (désinfectant + UV par exemple) et les tester en conditions d’élevages. Notamment, si la dose de Pledge pour huit heures d’exposition est acceptable pour un humain, quand est-il pour un animal qui ne sort pas de la bâtisse? Il se peut que des évaluations coût-bénéfice montrent que certaines des solutions listées ci-dessus soient un choix judicieux seulement en cas d’épidémie et non pour une régie d’élevage normale.

*Centre de recherche en infectiologie porcine et avicole.

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